Évasion vol.7: Lausanne

2010

Le froid et la neige m’accueillirent. Moi qui n’était point habituée à un tel hiver, le choc fut assez brutal et je n’étais clairement pas équipée pour me promener par ce temps. L’air pur, le sol qui glisse et les corbeaux. Non, vraiment, ma vie venait de changer en un instant. Une seule fenêtre, vue sur le cimetière. Un calme parfait.

2011

Ouchy, le lac et ses quais.En hiver ou en été, j’avais adoré m’y promener. M’asseoir et observer les gens passer. M’installer dans un coin et détailler le temps qui passait et les corbeaux s’envoler.

2011

Encore de la neige. De la neige et des moutons en allant travailler. Je ne savais même plus quel mois il était, les jours discrètement dissimulés sous ce tapis d’un blanc immaculé.

2011

Un parc où j’écrivais dans un petit carnet puis les boutiques pour se changer les idées. La cathédrale et la place de Rumine avec son gigantesque musée dans lequel j’adorais errer. Une petite ville à laquelle, étrangement rapidement, je m’adaptais. Le carnaval, les expositions et les voyages en train. Jamais je n’étais autant sortie. Ici, c’était une autre vie.

2011

Et la lune, toujours la lune qui m’accompagnait et qui veillait sur moi alors que j’étais seule en terre inconnue. Ici, quelques mois de ma vie. Ici, des souvenirs à n’en plus finir.

Prenez soin de vous et à bientôt.

Salema

Évasion vol.5: Kawaguchiko

Des valises, le Shinkansen et la ville qui disparaît. L’agitation, l’émerveillement et les lumières de la capitale encore en tête, furent peu à peu remplacé par un certain calme et la beauté apaisante d’un lac miroitant.
Quelques heures auparavant, nous étions dans un building. À présent, nous posions nos bagages dans un ryokan. Un ryokan où yukata, friandises de bienvenue et thé chaud nous attendaient.

#Japon #Kawaguchiko #Fuji #Voyage
Ryokan

Après avoir appris à nouer la ceinture du kimono dans le bon sens (et pas dans le sens réservé aux morts), nous découvrîmes la chambre puis son extérieur. Tiens, un bain chaud privatif, nous qui n’osions pas passer le pas des onsen. Et surtout … La vue. Une vue splendide et inoubliable. Le lac et le mont Fuji.

#Japon #Kawaguchiko #Fuji #Voyage
Mont Fuji

Assise dans mon kimono jaune et blanc un peu trop grand pour moi et les pieds dans l’eau, j’observais Fuji-sama. Je me demandais les histoires qu’il avait à raconter, les mystères qui se tapissaient dans les brumes. Quelles prières avait-il exaucé? Combien de yokai avait-il abrité? Silencieux et majestueux, Fuji-sama veillait. Plus mon regard se portait sur ses courbes, plus je sentais mon esprit vagabonder loin, très loin d’ici. Magie, illusions, récits d’un autre temps… rêves et créations. Je ne revenais à la réalité qu’à l’odeur de la délicieuse nourriture.

#Japon #Kawaguchiko #Fuji #Voyage
En promenade

Une fois encore, notre promenade pu se résumer par «entre modernité et tradition». D’une statue de Pikachu, à un musée de minéraux à l’entrée d’un temple perdu dans les bois. D’une tapis de fleur au bord de la route à un restaurant avec vu sur le lac à une glace à la lavande. Ici, rien n’avait de sens. Mon cerveau ne parvenait pas à trouver la moindre logique dans notre visite ni à cet endroit. Pourtant, tout était agréable et intéressant. Mais perturbant. Mon regard se porta à nouveau sur les fleurs mauve qui gisaient sur le goudron puis sur Fuji-sama qui nous observait. Il devait probablement beaucoup s’amuser de notre confusion. Les vivants étaient-ils sa principale source de distraction ou préférait-il converser avec les morts? Je secouai la tête. Il était temps de rentrer au ryokan et de préparer nos valises. Au revoir Fuji-sama. J’espère qu’un jour, nous nous reverrons.

Prenez soin de vous et à bientôt.

Salema

Évasion vol.4: Kyoto

La pluie. Une carte. Nous suivions les rues et cherchions la rivière. À gauche. À droite. Un temple, mais pas le bon. Mais où se trouvait cette maudite rivière? Épuisés par le voyage depuis Tokyo, nous avions hâte de déposer nos bagages et nous étions affamés.
Commençant à nous sentir désespérés dans cette ville connue pour ses dédales, nous avons demandé de l’aide à un policier. Tout droit? La rivière était tout droit? Pourquoi était-elle invisible? Nous poursuivions notre route, jusqu’à ce qu’un homme à vélo s’arrêta devant nous. Nous pointâmes le ryokan sur notre carte. Il acquiesça, descendit de la bicyclette et nous invita à le suivre.
Bien que surpris, nous l’accompagnâmes dans la petite ruelle qui déboucha sur un pont. Un pont timide … sur une rivière! Le cycliste nous indiqua l’autre rive et nous repérâmes immédiatement notre but. Après de nombreux remerciements, nous mangeâmes enfin puis déposâmes nos valises.

2013,Kyoto

La notion de rues parallèles et de logique n’existaient pas ici. Nous nous sommes encore perdus, nous sommes fait des frayeurs et avons dû revenir sur nos pas. Était-ce la construction étrange des voies ou le chevauchement d’ancien et de moderne qui perturbait notre esprit? Un temple funéraire puis une boutique de vêtement à la mode. N’étions-nous pas déjà passé par ici? Peut-être y avait-il quelques malicieux yokai jouant avec les touristes.

2013, Kyoto

Le Palais de l’Empereur. Ici, tout était un autre monde. Présenter à nouveau son passeport, comme si l’on pénétrait dans un nouveau pays, devoir patienter pour visiter et s’en tenir strictement au circuit imposé par le guide. Esthétisme. Élégance. L’attente valait le coup. Braver la pluie aussi. Par contre, restera à jamais des mystères non résolus: en quoi le ratissage du sable est-il si passionnant? Pourquoi passer plus de temps sur des pierres que sur une estampe?

2013, Kyoto, Imperial Palace

Marcher encore et encore. J’étais persuadée que plus nous avancions plus le temple Kiyozumi reculait, je ne voyais pas d’autre explication. S’arrêter à une boutique de souvenir. Tiens, n’était-ce pas un emblème de yakuza? Acheter un tanuki porte bonheur et repartir. Marcher encore et encore. Avoir envie de jeter ses chaussures et de ne plus bouger, mais continuer malgré tout. Et puis, enfin, le temple qui se dessinait. Majesté des bâtiments, beauté de la vue. La souffrance de la marche en valait la peine. Nous déambulâmes sur les sentiers et passâmes devant une forêt où chaque tronc d’arbre portait un sceau. Chacun d’eux. Étrangement, nous décidâmes de ne point nous attarder, sait-on jamais, et continuâmes à visiter jusqu’à tomber sur un autel bien singulier, en l’honneur d’enfants partis trop tôt. Ce qui expliquait donc les minuscules habits … Dans un regard mutuel, nous décidâmes de rentrer au ryokan.

2013,Kyoto, Kiyozumi Temple

Après un délicieux repas et une petite promenade nocturne, nous rentrâmes. La rue menant au ryokan n’était pas très longue. Alors d’où venait cette impression de ne pas avancer? À gauche, n’avions nous pas déjà vu cet autel adressé à un enfant décédé? Ou en était-ce un autre? Et à droite, les lampions semblaient se moquer de nous. Et droit devant … Pourquoi faisait-il si sombre? N’était-ce pas plus lumineux quelques secondes auparavant? Et cette affiche, j’aurais juré que nous étions déjà passé devant. Nous accélérâmes le pas. À droite, le pont nous narguait. Le ryokan était forcément proche, alors pourquoi mettions nous tant de temps à l’atteindre? Encore un autel. Le même. Forcément le même. Un bruit. Et puis soudain, la porte de l’établissement. Soulagés, nous rentrâmes nous coucher, persuadés que des yokai s’étaient bien distraits à nos dépends.

2013, Kyoto, Nijojo Castle

Prenez soin de vous et à bientôt.

Salema

Évasion vol.1 : Edimbourg

Voici la seconde nouveauté de cette rentrée: la série « évasion ». Un mardi, chaque mois, je vous présenterai une destination (ville française ou européenne etc) où j’ai eu l’occasion de me rendre plus ou moins récemment. J’ai opté pour une sorte de guide de voyage romancé, plus en adéquation avec mon blog et mon univers, qu’un simple récit point par point de mes aventures. J’espère que vous apprécierez ce nouveau rendez-vous mensuel. Aujourd’hui, j’inaugure ce format avec la ville d’Edimbourg, en Ecosse (mai 2019).

#voyage #écosse #Edimbourg #guide #récit #vacances

Tonneaux peints aux murs et fraîcheur printanière. La capitale nous gratifia de ses plus chaleureuses salutations.

« Welcome »

Depuis la fenêtre du bus, le paysage défilait, successions de maisons typiques et si charmantes. Quels murmures et légendes se dissimulaient entre ces murs? Pas le temps d’y réfléchir, que le centre-ville, mystérieux et ancien, apparaissait déjà à notre vue. Quelle était cette tour, sombre et majestueuse? Un sorcier solitaire y vivait-il? À moins qu’il ne s’agisse d’une lyche? Non, cet édifice était bien trop somptueux. Il devait s’agir d’un passage vers la Géhenne.

Valises abandonnées près d’un lit, l’aventure s’impatientait. La cathédrale St Giles, dont la prestance irradiait à des mètres à la ronde, appelait les touristes. L’intérieur, plus beau patchwork de style que j’ai pu voir, était gardé par une gentille mais impitoyable vieille dame. Gare à celui ou celle qui ne s’aquitait pas de son droit à prendre des photographies! Envoûtés par un groupe de gospel, le temps nous échappa. L’heure n’avait point d’importance, mais l’épuisement nous guettait. Appuyé sur mon dos, il me chuchotait qu’il était déjà l’heure de dormir, bien que le soleil brillait encore. Je refusai de céder et me laissa tenter par un nouveau mystère.

Etait-ce une église? Un musée? L’office du tourisme? Un peu des trois ou rien à la fois? Un trésor par ci, un vitrail par là. Je fus presque hypnotisée par une machine à écrire, que nous devions partir … Probablement pour le mieux. Ce genre d’objet n’aimait pas être ainsi abandonné.

Vent, soleil, crépuscule. Mets typiques qui chatouillaient les papilles. Et puis le repos.

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Motivée par une tasse fumante de thé vert, j’observais attentivement le nom de notre prochaine destination.

« Surgeon Hall Museum »

En voilà un nom charmant, promettant mille et unes découvertes. Un, deux, trois, mille … Non, bien plus! Telle Alice, nous déambulions entre les rayonnages, notre regard perdu entre les innombrables cuves de formol. Chaque organe, chaque instrument, chaque souvenir horrifiquement intéressant … Tous demandaient mon attention. Tant d’informations firent paniquer mon cerveau endormi. Que de naïveté dans notre esprit! Cette escapade matinale n’était rien de plus qu’un minuscule apéritif à ce qui allait suivre l’après-midi.

« National Museum of Scotland »

Ici, les heures n’étaient plus que des instants qui s’effaçaient trop vite. Des jours entiers auraient été nécessaires pour découvrir chaque recoin des septs étages et du sous-sol. Arts, Histoire, Sciences … Comment ne pas se sentir minuscule entre ces murs? Un tourbillon de connaissances aurait pu nous emporter à chaque instant et ce n’était pas les expériences qui seraient parvenues à nous raccrocher à la réalité. Une fois encore, ce fut le temps qui nous rattrapa et qui nous obligea à quitter ce lieu;, l’émerveillement dansant encore dans nos coeurs.

Pluie, soleil, crépuscule. Pub de proximité assourdissant. Et puis le repos.

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Brise printanière et ciel clément, le chemin menant au château n’en n’était que plus agréable. Accueillie par une parade intemporelle, la beauté des pierres figées nous ensorcela. Quelle avait été la vie ici autrefois? Quelles aventures avaient foulé ces pavés ? Sous le lampadaire, des murmures du passé. Sur les remparts, des fantômes rémanents. Dans la salle des joyaux de la couronne, des instants volés dansant dans les artefacts anciens. Puis, soudain, des curieux qui s’amassaient sur la place. Un seul canon reprit alors vie, sous le cri perturbé de touristes impudents qui s’étaient trop approchés.

Après l’agitation et la fascination de la découverte, le calme d’un café. Je parvins à me poser quelques instants, avant de me remettre en mouvement.

Nuages, soleil et crépuscule. De nouveaux mets nous ravissaient. Et puis le repos.

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« Diagon Alley », plus connu sous le doux nom de « Chemin de Traverse ». Telle une enfant dans un marché de Noël, je m’émerveillais de la moindre échoppe, du moindre objet. Heureuse que le temps des pellicules soit révolu, je photographiais encore et encore, sous l’oeil rieur de mon époux, chaque recoin de cette rue.

Après l’excitation et les couleurs, le calme et la nature de l’ancien cimetière Greyfiard. Calme, beauté, apaisement. Un écureuil, curieux, s’approcha avant de s’enfuir, tandis que des oiseaux gambadaient dans les jardinets thématiques.

Vent, soleil et crépuscule. La magie m’ensorcellait encore. Et puis le repos.

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Un bus et un dernier « au revoir » à la majestueuse tour des Enfers. Etait-ce un sorcier qui nous saluait? Qui sait …

Un thé puis un avion. Des corps épuisés mais nos esprits heureux. Ville magique aux senteurs du passé, sa mémoire à jamais gravée dans nos souvenirs.

Prenez soin de vous et à bientôt.

Salema