Interview auteur n°5 : Rui Chan

Aujourd’hui, une nouvelle autrice, aux œuvres multiples, a accepté de répondre à mes questions.

La couverture appartient à l’autrice.

1- Bonjour Rui Chan! Pourrais-tu te présenter en quelques lignes ?

Bonjour. Je suis une auteur de 36 ans, métisse et bisexuelle. J’aime des genres variés et j’ai des projets très divers mais si je devais trouver un point commun à la plupart de mes œuvres, c’est la bisexualité en filigrane ou au cœur des textes. À la vie je suis formatrice indépendante et maman de deux petits monstres, donc j’ai toujours de quoi m’occuper ! Côté moins fun, je suis en rupture familiale totale depuis plusieurs années, ce qui m’a amené à beaucoup réfléchir à ma nature très « entre deux ». Fonder ma propre famille a marqué le début de ce processus de questionnement sur moi-même et de doute, et au final je suis reconnaissante car la vie m’a donné la chance de me reconstruire et de faire de superbes rencontres.

2- As-tu choisi de publier tes écrits sous ton vrai nom ou sous un pseudonyme? Peux-tu nous dire pourquoi?

Il s’agit d’un pseudonyme. D’une part, je souhaite protéger ma vie privée et, un peu comme les Daft Punk, je préfère garder ma personne en retrait au profit de mes créations. De plus, comme j’ai vécu une crise identitaire suite à ma rupture familiale, j’ai un rapport particulier à mon « vrai » nom maintenant. Pour ce qui est de Rui Chan, il s’agit d’un pseudo que j’utilise depuis que je suis sur la toile (une vingtaine d’années donc) et auquel je m’identifie. Au début, je l’écrivais en minuscules et en un seul mot (logique de pseudo de l’époque…) et j’ai fait la transition vers cette version fin 2018. Pour la petite anecdote, le hasard a voulu que mon nom d’épouse commencé par Chan aussi. Quant à Rui, ça vient de la sœur aînée dans Cat’s Eye, mon premier crush (Je devais avoir 3-4 ans… XD )

3- Quand as-tu commencé à écrire ? Peux-tu nous dire pourquoi tu as fait le choix de l’auto-édition ?

J’ai de vieux cahiers avec des histoires que j’ai créé vers 8 ans. J’ai toujours adoré inventer des histoires. Enfant, mes jeux impliquaient des scénarios complexes et suivis qui ont évolué jusqu’à ce que j’arrête de jouer. C’était farfelu et ça partait dans tous les sens, un peu comme un RPG dont j’incarnais tous les persos à tour de rôle… Bref, aussi loin que je me souvienne, j’ai écrit ! Quand j’ai décidé en 2014 de m’auto-publier, c’était surtout par manque d’éditeurs LGBT. Plus précisément, je trouvais que la bisexualité n’avait pas sa place. Même dans le milieu, être bi était assez mal perçu. Depuis, ça s’est amélioré, fort heureusement ! Mais je suis aussi éprise de liberté. J’ai eu des contrats d’édition ; ils se sont passés sans drame mais ne m’ont pas donné envie de poursuivre dans cette voie, tout simplement.

4- Comment décrirais-tu ton univers ? As-tu des sources d’inspiration privilégiées ?

J’ai des pôles d’intérêt divers : littérature bien sûr, du XIXe siècle et contemporaine surtout, en anglais ou en français ; manga et animé, jeux vidéo et culture geek au sens large ; cinéma ; séries ; musique ; les contes et kamishibai ; la mythologie ; le karaoke ; la culture LGBT aussi bien sûr, et j’en passe… Tout peut devenir une source d’inspiration à mon sens, car nous sommes le fruit de nos expériences.

5- En plus de tes 8 livres déjà parus, ta nouvelle, Nous nous sommes manquées, est sorti ce dimanche (le 2 juin). De quoi s’agit-il ? Quels thèmes y abordes-tu?

Il s’agit en fait d’une réédition enrichie d’une nouvelle qui était parue dans un recueil collectif à compte d’éditeur. J’ai voulu parlé d’une époque pas si ancienne où l’homosexualité était encore illégale. Comme c’est avant tout une romance F/F, ce fond reste en filigrane mais pose bien des problèmes aux protagonistes ! Parmi les thèmes abordés, il y a aussi le regard des autres et l’acceptation de soi notamment, ainsi que le deuil. Tout ça sur un fond plus léger de romance, d’années 80 et un soupçon de tir à l’arc.

6- As-tu des méthodes préférées d’écriture ou laisses-tu tes personnages fabriquer l’histoire? Quels outils aimes-tu utiliser?

Pour ma novella Les Yeux noirs, les personnages ont pris le contrôle en cours de route. Il y a notamment un personnage qui devait être agaçant et à qui j’ai donné mon prénom pour ne heurter personne ; grave erreur, elle n’en a fait qu’à sa tête (comme moi donc…) et ça a changé toute l’histoire. Plus sérieusement, j’ai écrit cette novella comme une mini série sur mon premier blog. J’avais une idée de départ et d’arrivée mais pas de vrai plan ; c’est pour ça que j’ai changé de direction. Maintenant je planifie énormément avant d’écrire, puis j’étoffe les fiches personnages et j’adapte l’intrigue au fur et à mesure pour que le tout reste cohérent. Je suis assez control freak donc je préfère travailler ainsi, mais c’est une question de personnalité. ^^

7- La diversité littéraire est-elle importante pour toi ? Aimes-tu y participer à travers tes écrits ? Si oui, de quelles façons?

Déjà ça peut paraître bête, mais j’écris dans des tas de genres à la base. J’ai un faible pour l’érotisme (tout en finesse) car c’est un exercice de style pour moi : les mille et une façons de décrire la sexualité sans vulgarité et avec symbolisme. J’avoue que ça m’amuse beaucoup. Et naturellement la romance a suivi, car tout un roman érotique c’est plus compliqué (même si c’est en projet aussi…). J’ai aussi eu une phase sombre et gothique avec des récits empreints de mal-être. C’était l’expression de mes propres problèmes identitaires je pense, car ce n’est plus un style qui ressort chez moi. Bref, du sexe et du sang… Ce qui ne m’empêche pas de créer aussi des histoires pour enfants ! Mais il y a aussi des genres où je ne pense pas me sentir à l’aise un jour, notamment le polar. Quant à mettre de la diversité dans les textes, je pense le faire plus ou moins consciemment depuis le début. Ça peut sembler stupide, mais petite, ça coulait de source pour moi, la diversité : dans ma famille, il y avait des blancs, des noirs et des métis. C’était ma norme. La première fois que j’ai subi du racisme, je n’ai même pas compris en fait… Pour moi, être noire n’était pas une insulte, et j’ai pris le « sale » au pied de la lettre. Et du coup j’ai répondu un truc sur ma douche du matin… Encore aujourd’hui, je n’identifie pas toujours le racisme quand il est dirigé contre moi. Je trouve ça débile car je suis métisse, donc aussi blanche que noire (un peu plus blanche même sur le plan purement génétique). Du coup je comprends qu’on veuille plus de persos racisés quand on est stigmatisé comme ça. Mais je n’en fais pas mon étendard car nous sommes tellement plus que ça. Pour l’homophobie, c’est un peu différent car on en souffre même au sein des familles où l’on devrait pourtant se sentir en sécurité. Loin de moi l’idée de dire qu’un combat est plus important qu’un autre, c’est juste ce qui m’a le plus marquée qui ressort.

8- D’après ton site, tu as 3 autres projets en cours. Dans quel style s’inscrivent-ils ? As-tu déjà des dates de sorties en tête ? Tu peux nous les présenter rapidement si tu le souhaites.

S’ils sont sur le site, c’est que j’ai déjà bien avancé ! À une exception près (Le Petit Chaperon noir, qui devait être mon premier roman, est devenu une longue saga…), la date est fixée : le 31 juillet pour le recueil de poésie de jeunesse Éveils, le 6 octobre pour le recueil Mainichi no haiku ~ Haïkus du quotidien. En décembre, je prévois aussi une seconde édition des Contes de fées cruel(le)s avec plus de contenu et notamment plus de diversité (LGBT power !) justement ! Sinon je travaille actuellement sur mon premier roman qui a une jeune femme bisexuelle pour héroïne et aborde notamment la parentalité. Mais chut, j’en dirai plus vers l’automne. Et j’ai des dizaines de projets en cours en fait ! Une saga fantasy, un roman érotique, un roman dramatique, une série de nouvelles érotiques et science-fiction, des recueils de nouvelles… Sans compter la traduction de tout ça en anglais à un moment donné. Bref, j’ai de la matière pour un moment !

9- Où peut-on te lire ? C’est l’instant pub! N’hésite pas!

Je poste des extraits de mes œuvres sur mon site. Mes ebooks sont tous disponible sur Kindle (Amazon donc), et les recueils et romans (enfin novella pour le moment) ont aussi une version papier. Je partage un haïku par semaine sur les réseaux sociaux (Twitter, Instagram et Facebook). Enfin j’ai des fanfic en stock, et je pense les poster en accès libre sur mon site et pourquoi pas sur Wattpad, un jour… J’ai encore tellement de choses dans des cartons (magie des déménagements…) que je préfère rester vague, aha…

10- As-tu quelque chose à ajouter ?

Merci Salema pour cette interview et pour donner la parole à ceux qui sont moins visibles. Et merci à tous ceux qui l’ont lue aussi, je sais que je me suis un peu étendue par moments…

Un grand merci pour tes réponses. Vous pouvez retrouver Rui Chan sur Twitter : @ruichanswriting

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